Le comportement des parosphromenus : un sujet en soi
Les parosphromenus sont des poissons de petite taille qui possèdent un labyrinthe fonctionnel, dont la teneur en oxygène des eaux qu’ils habitent fait qu’ils n’ont pas besoin de l’utiliser fréquemment, et c’est la même chose en aquarium. Certains animaux ne l’utlisent quasiment jamais. Cependant, les mâles de la plupart des espèces construisent un nid de bulles plus ou moins rudimentaire dans leur cavité et dans cette phase, ils remontent toutes les quelques minutes prendre de l’air en surface. Dans des ciconstances courantes, le labyrinthe n’est pas utilisé, et il ne l’est que lorsque les conditions du milieu se dégradent et l’imposent.
Ce sont des poissons calmes qui ne sont pas continuellement en mouvement. La présence d’autres poissons qui nagent rapidement et continuellement ne leur convient pas. La coexistence ; cependant, d’un petit groupe de compagnons non dérangeants qui occcupe les volumes de pleine eau, comme par exemple un petit groupe d’une espèce du genre Borara, peut contribuer à réduire leur craine des prédations et les amener à évoluer davantage hors de leur cachette. Les animaux isolés ont tendance à séjourner un certain temps à l’extérieur, à proximité d’une feuille, d’un morceau de bois ou d’une cavité. Ils présentent une nage planante et mesurée, marquée par des arrêts fréquents, et accomplissent des mouvements d’oscillation particuliers et lents, sans que nous sachions ce que cela signifie.
Selon leur humeur et leur contexte de comportement, les poissons présentent des changements de coloration. En plus de leur robe habituelle, dans laquelle les barres horizontales sont prononcées, il y a une robe plus foncée qui correspond à une posture agressive et les couleurs brillantes qui apparaissent lors de la parade nuptiale, dont les couleurs peuvent changer très rapidement. On observe aussi, aussi bien chez le mâle que chez la femelle, plus particulièrement chez cette dernière, ce que Dietrich Schaller a appelé les ”sexy-eyes”, le regard sexy, un trait noir oblique marqué qui signale la disponibilité immédiate à l’accouplement. Simultanément, les femelles de certaines espèces perdent leur patron de barres horizontales face à la parade du mâle et adoptent une coloration uniforme, pâle, beige ou même jaunâtre. La forme P. paludicolaWakaf Tapei présente sous cet égard une particularité marquée. Alors que les autres formes paludicola ont des femelles décolorées pendant la parade, celle-là est unique en ce qu’elle devient sombre, une différence qui fait suspecter à J. Vierke et P. Finke qu’il peut s’agir d’une espèce distincte, ce qui ne pourra être confirmé ou infirmé que par l’analyse génétique, et témoigne pour le moins d’un processus de spéciation assez avancé.
D’autres particularités et différences entre espèces apparaissent dans les comportements nuptiaux. On peut distinguer trois groupe selon le comportement des mâles lors de la parade: ceux qui paradent inclinés tête en bas, ceux qui paradent tête en haut, ceux qui paradent à l’horizontale. La plupart des espèces appartiennent au premier groupe, celui des paradeurs ”tête en bas”. Le mâle se place près de la femelle très incliné tête en bas et étend toutes ses nageoires. C’est le cas de toute les formes des groupes bintan et harveyi, des filamentosuset des anjunganensis. Quelques espèces aux nageoires particulièrement longues comme .P paludicola, P. deissneri et P. quindecim font partie du groupe qui parade à l’horizontale.
Les deux espèces élancées, P. parvulus et P. ornaticauda , outre qu’elle sont en commun leur forme générale et une parade tête en haut, ont aussi une particularité de comportement frappante par rapport aux autres: les mâles qui paradent ont une danse très rapide dans un volume assez grand. Le mâle danse en zigzag autour de la femelle en une ou deux secondes. Chez les autres formes, la danse est beaucoup plus tranquille et se fait dans un volume restreint. Ceci peut pourrait laisser supposer que les deux espèces forment un groupe particulier, sinon un sous-genre. P. sumatranus présente un état intermédiaire. Souvent assez fin, comme les espèces élancées, et paradant tête en haut, mais sans la danse en zig zag, il se rapproche des autres formes avec lesquelles il partage le patron barré. Nous en déduisons que des formes resemblant à sumatranus ont joué un rôle très intéressant dans l’histoire évolutive du genre. Remarquons qu’il existe aussi des populations de sumatranus de forme plutôt élevée, non élancée. Une énigme à résoudre …
(PF)